1978-1985
Deux années, 78, 79 passent et ce sont des années studieuses autant qu’hilarantes : la troupe s’attaque à l’écriture collective d’une pièce en gallo « La Rumeur », qui donnera son nom au Théâtre du Roc. Premiers recrutements de la troupe hors des communes du Roc Saint André et de La Chapelle-Caro. La première partie de la pièce est écrite sur la trame d’une pièce irlandaise : mais si la trame demeure, la traduction sera gallèse et ce n’est pas peu dire, sachant qu’une seule expression pouvait déclencher à la fois une avalanche de souvenirs, des averses torrentielles de digressions et des crises de rire incommensurables autant qu’inextinguibles ... bref, cela prit du temps !... et pour apprendre le texte, cela prit du temps ...aussi !!
Comment ne pas se souvenir d’Antoine qui échappait sur le plateau de nombreux « comment heu .... » quand il avait perdu le texte qu’il nous jurait pourtant d’avoir appris par cœur plutôt trois fois qu’une. Dès que nous entendions « comment heu ... » sur scène, nous nous disions tous « hop hop hop, comment on va y arriver ! ».
Et puis là, on allait jouer en plein air, on se déplaçait beaucoup, le pays gallo, c’est grand ! Les rideaux n’avaient pas le temps de moisir ! La Madeleine à Malestroit, le château de Comper etc., travail de lumière, de costumes, de décors et un public très nombreux... qui n’aura aucun mal ensuite à faire courir le bruit que le Théâtre du Roc, c’était le Théâtre de la Rumeur... et nous voilà baptisés et ancrés « Gallo qui court ».
Habitués à jouer dehors, il y eut quelques accidents lorsque les séances revenaient à l’intérieur : pensons notamment au gendarme joué par Paul, qui entrant vaillamment sur le plateau, marche d’un pas décidé et se retrouve bloqué net, la tête et le képi écrasés par la gaine de chauffage qui, c’est vrai, habituellement, dehors, n’était pas là. Bref, nous en avons tiré, parfois dans la douleur, souvent dans le rire, une capacité d’adaptation aux lieux assez forte et guillerette.
1981, La rumeur s’estompe, La Rumeur enfle et Jean-Luc Emeraud monte « Les cochons d’Inde » d’Yves Jamiaque, une pièce évoquant les tribulations d’une famille ouvrière expulsée de son logement et jetée à la rue : 17 acteurs, dont deux enfants et 19 changements de décor quasi instantanés : nous utilisons à plein la structure métallique élaborée par Jean Emeraud, les compétences de notre électricien Jean Thomas et celles de Bernard Gapihan pour peindre sur des bouts de carton. Nous passerons tout de même d’un intérieur pauvre, à la rue, puis à un kiosque à musique, un commissariat, une Mairie, en passant par une Église etc. Le travail devient plus intense, l’exigence plus forte, tant au niveau de la mise en scène, des lumières, des décors que du jeu des acteurs.
1982 : Le Théâtre du Roi d’Argot, Le Théâtre de la Rumeur, l’ADEC 35, l’ADEC 56 prennent les ailes des anges et s’en vont pour ... Québec pour un voyage d’échange théâtral aidé par l’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse, à l’initiative d’Armel Mandart, metteur en scène au Théâtre du Roi d’Argot. S’en reviendront avec le plein de souvenirs inracontables et pourtant racontés et re-racontés et en tout cas des souvenirs pas magasinables : ils inviteront les mois suivants des comédiens québécois qui inaugureront le premier match d’improvisation du Festival de l’ADEC 56 à Lizio en Mai 1983.
1983, donc : avec « Ne coupez pas mes arbres », une pièce de William Douglas Home, adaptation de Marc-Gilbert Sauvageon qui raconte l’arrivée d’une bretelle d’autoroute dans la propriété d’authentiques antiquités anglaises : Lady and Sir Belmont. Bref, la pièce évoque le conflit entre le ‘moderne’ et l’‘ancien’ : nous la jouons à ce même Festival de théâtre amateur de Lizio, organisé par l’ADEC 56.
Les disponibilités varient, les motivations se différencient et après ces années d’investissement énorme, une petite reprise de souffle en 1984 nous plonge dans l’univers des farces du Moyen-âge et dans du travail en petits groupes.
Pièces courtes et haletantes, jouées dans la rue. Pour la première fois, la troupe offre un stage à ses acteurs dans le cadre des Farces du Moyen-âge, avec Michel Jahiat. C’est aussi l’occasion d’une collaboration avec trois enseignants d’Éveil à la musique au pays, qui accompagnent notre jeu dans les parties chantées des farces. Participation également de la troupe aux tournois d’improvisations organisés par l’ADEC 56 dans le cadre du festival désormais annuel de Lizio.
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